Conversation with Pierre Seinturier

01.02.2019
Conversation with Pierre Seinturier — Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Pierre Seinturier, 2020, Photo: Nicolas Gouhier / FFT

Lors de ta dernière exposition personnelle à la galerie en 2015 , le visiteur pouvait apercevoir tes œuvres à travers
les vitres d’une maison. Cette fois-ci, il peut déambuler à travers tes toiles. Cette idée de déambulation l’as tu toi même pratiquée ?

Je voulais renouveler mes sources d’inspiration et proposer de nouvelles expériences aux visiteurs.
Je voulais surtout sortir de ma zone de confort en proposant autre chose que des tableaux accrochés au mur. Je flâne maintenant, ce que je ne faisais pas avant,
je me déplace, je photographie le paysage, je perds du temps … Je me suis aussi intéressé pour la première fois à un autre médium : la photographie. Toutes mes photographies ont été affichées dans l’atelier, je n’avais pas vraiment envie de faire des croquis.

Auparavant dans mes compositions, je jouais avec l’idée de reproduire des endroits où je n’étais pas allé. Pour cette exposition, j’ai dessiné ce que j’ai photographié. Je suis sorti des images de référence au travers desquelles je vivais et, sans savoir où j’allais, cela m’a fait du bien.

Il a toujours existé une tension, une inquiétude générée par tes personnages que l’on retrouve un peu dans la salle d’entrée de
l’exposition, par contre, dans la salle principale tous tes personnages semblent « sortis des toiles » sous forme de sculptures
à plusieurs faces, leur histoire est-elle différente?

La série de l’entrée a été réalisée en dernier en fait, après l’installation de la « clairière » dans la salle principale.
J’ai souhaité renouer avec certaines thématiques de mon travail comme pour guider le visiteur dans la galerie.
Je les laisse sortir de la forêt pour mieux y rentrer de nouveau, en introduction à ce qui va suivre sans doute.
J’ai réinvesti quelques-uns de mes thèmes, je n’aime pas « jeter » les anciennes choses, ni perdre les personnes qui attendent
la suite de mes histoires.

Quant aux personnages dans « la forêt », je préfère les dessiner, « attaquer » directement la forme en plâtre, pour pouvoir les insérer par la suite dans l’environnement végétal suggéré par les toiles. J’ai surtout envie de mettre l’humain en avant. Pour accompagner ces sculptures, je pourrais complétement créer d’autres contextes et y associer les personnages de manière aléatoire, idéalement je pourrais encore associer plusieurs dimensions. C’est ce que je projette de faire au Musée des Beaux-Arts de Tourcoing en avril prochain dans l’exposition « Les Enfants du Paradis ». Julien Bismuth a évoqué l’idée assez juste de « peinture tri-dimensionnelle ».

Comment se constitue ton univers si particulier, comment évoluent tes priorités dans le travail ?

Je fonctionne plutôt de manière empirique et j’essaye de déjouer ma propre « systématique ».
La gestation est en amont puis les premières images apparaissent. Au départ, j’avais fait un personnage seul avec un grillage, j’ai voulu ajouter de la lumière et
« l’entourer » en développant les peintures de végétaux. Les rapports de couleurs et de matières m’intéressent, j’essaie de garder une ligne de conduite logique dans mon travail tout en évoluant vers ce qui me stimule.

Une série fonctionne souvent avec des thèmes chromatiques, des univers parallèles, des facettes de la même histoire qui s’entremêle. Il y a toujours eu beaucoup de traces d’humain dans mon travail, je voulais toujours faire « en grand » ce que j’avais dans mes carnets, maintenant, je dessine moins qu’avant dans ces derniers, je veux d’autres couleurs, d’autres ressentis, beaucoup de mes peintures me « viennent » sans personnage. Les personnages vont être sans doute moins systématiques dans mon travail comme si je souhaitais montrer que la narration peut exister à travers autre chose que des dessins narratifs ou figuratifs.

Dans cette exposition, la narration se fait surtout par l’immersion physique des visiteurs.


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