Matías Duville

14.03.2014
Matías Duville — Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Life in an instant
14.03.2014 — 26.04.2014

Tu as grandi entre la forêt et la mer. Ton travail montre des paysages, de quel type de « territoires inconnus » s’agit-il ?

J’ai passé de nombreuses années entre mer et forêt, mon travail a clairement à voir avec cette période de ma vie, mais à la fois, je n’ai pas le souvenir d’une relation quelconque avec l’art lorsque je vivais là-bas, jusqu’à mes 22 ans. Je faisais du skate, que je pratique toujours, mais maintenant je vis dans une ville où il n’y a pas de vague.
J’ai fait les Beaux Arts à Mar del Plata, aussi appelée la « Mer d’Argent ». Lorsque j’ai déménagé à Buenos Aires, j’ai commencé à travailler sur cette notion de distance en termes de territoire, mais aussi en relation avec les profondeurs de la pensée. En un sens, j’explore aussi les tréfonds de mon esprit.

Au départ, tu t’exprimais essentiellement à travers le dessin, mais dans cette exposition, un vrai dialogue entre les sculptures et les dessins s’instaure.

Les sculptures font vraiment partie de mes dernières créations, mais c’est récent, depuis trois ou quatre ans. Dans cette exposition, il existe une relation étroite entre les sculptures et les dessins et c’est certainement la première fois que j’introduis ma propre présence dans une installation. C’est d’autant plus apparent entre le grand dessin Some Reason et la sculpture Bridge d’empreintes de pieds alignées devant. Les empreintes ressemblent à des pierres mais lorsque l’on s’approche, on aperçoit la trace de vulgaires chaussures. C’est une façon de mélanger à la fois ma présence en tant que visiteur, mais aussi en tant qu’artiste. J’ai l’impression d’être présent, et à la fois invisible.
Lorsque je crée une œuvre, je traverse différents états. Je peux rester à la fois très proche, mais aussi disparaître complètement.

Qu’exprimes-tu spécifiquement à travers l’utilisation de « très grandes dimensions » dans tes dessins ?

La taille me permet « d’être à l’intérieur de mes dessins. C’est également en quelque sorte le miroir de mon esprit. Les grands dessins de terrains en friche sont au confluent de la géographie et de la psychologie, mais c’est aussi une réaction de mon esprit. J’imagine ce qui arriverait dans ce grand paysage si je décidais d’assécher une rivière, ou de couper une montagne en deux. Je peux ressentir ma présence dans le dessin, puis la minute suivante, devenir totalement étranger au travail. Le grand dessin pourrait très bien être une sculpture, on ressent la trace épaisse du fusain sur le papier. C’est un mélange entre quelque chose de physique et la vue de mon esprit.

Le Project Room s’inscrit comme une sorte de chemin, une étrange promenade à l’air libre, ponctuée par les sculptures…

Les sculptures entrainent le visiteur sur plusieurs niveaux. J’ai construit Fireplace, la cheminée en bois et je l’ai brûlé, comme pour figer le moment. Vous pouvez ensuite utiliser le matériau de la cheminée brûlée pour dessiner ; je peux prendre un contenu et produire de nouvelles narrations. La cheminée mêle ainsi le « dedans », l’intérieur de la maison, et le dehors. Presque toutes les œuvres de l’exposition sont des pièces « d’extérieur », par leur sujet : des empreintes, des terres abandonnées, les nouveaux dessins de palmiers…
La cheminée est le seul objet qui vous place « au-dedans ». J’utilise cette cheminée pour créer cette tension entre le visiteur et « l’univers ».
La sculpture Linked, Unlinked parle aussi de paysage, mais c’est aussi une sculpture vivante, les petits crochets vont laisser leur trace sur le sel tout au long de l’exposition.
Lorsque je réfléchissais à l’exposition, j’ai imaginé une oeuvre différente des autres qui serait placée au centre de l’espace. J’ai donc pensé construire un lit de sel. J’y ai placé un cercle de crochets reliés entre eux qui peu à peu avec l’humidité commencent à rouiller. L’œuvre évolue chaque jour. Même sans les crochets, les traces rouges apparaitraient. C’est cette idée de l’« œuvre éternelle ».


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